La prise de conscience de l’importance du Cloud souverain émerge progressivement parmi les entreprises, renforcée par la crise économique et sanitaire. Elle offre un nouvel horizon, celui d’un écosystème numérique souverain, aux hébergeurs français et européens face à la domination des hyperscalers américains.
La Cour de justice de l’Union européenne a rendu le 16 juillet 2020 un arrêt invalidant le régime de transfert de données entre l’Union Européenne et les Etats-Unis, dit “Privacy Shield”, qui avait été adopté en 2016. En outre, Gaia-X, l’initiative franco-allemande d’infrastructure de données européenne en forme de réseau, devrait voir ses premiers services lancés courant 2021. Ce sont des avancées importantes pour la souveraineté numérique de l’Europe. Les dirigeants des prestataires de services d’infrastructure Cloud (IaaS) français sont toutefois conscients du chemin qu’il reste à parcourir.
Stéphane Blanc, président et fondateur d’Antemeta, qui propose des services Cloud et des services managés, met en exergue une ère du capitalisme numérique, différente du capitalisme industriel.
Capitalisme et patrimoine numériques
« Il s’étend comme une pieuvre dans différents métiers et a un poids économique et financier très important. En ce début d’ère du capitalisme numérique doublé d’une guerre économique, le numérique est la colonne vertébrale de la stratégie d’entreprise; la souveraineté et la compréhension des risques (comme ceux liés au Cloud Act et aux autres législations extra-territoriales) doivent en être des piliers. Nous devons protéger notre patrimoine numérique, économique et social. Prenons l’exemple des dépenses des Gafam sur la génétique via des structures connexes. Internet doit être, comme le génome humain, un bien pour l’humanité qui nécessite une maîtrise mondiale et non celle d’un petit nombre d’entreprises. Ainsi, la souveraineté est économique, sociale et politique; le Cloud souverain se mesure par le poids stratégique que lui accorde l’Etat. Il faut développer les moyens en Europe comme en France et avoir une démarche d’innovation et d’excellence. Tout le Cloud ne peut être souverain, mais nous devons mettre en avant les compétences européennes en la matière et construire des usages européens adaptés aux différents Clouds. »